
|
Thématique du colloque
Comité d'organisation: Alain BRESSON – Marie-Paule MASSON – Stavros PERENTIDIS – Jérôme WILGAUX
Cette enquête a pour origine une caractéristique particulière de
l'organisation de la parenté
en Grèce. Si l'on met en parallèle au point de départ la situation de
l'Antiquité, à l'arrivée celle
de l'époque moderne jusqu'à la seconde moitié du XX e siècle, les différences sont évidentes. À
l'époque moderne, le mariage avec les proches était banni. De même, il
n'était plus question d'épiclérat, ni d'infanticide des filles. Ces dissemblances, et
d'autres encore, sont frappantes.
Pourtant, si l'on examine la nomenclature de parenté, les pratiques de nomination, les modes
de transmission des biens ou encore les principes de filiation, on constate cette fois
d'étranges
similitudes.
Au fil d'une histoire couvrant trois millénaires, ce colloque aura pour objet non seulement
de dresser un bilan des traits communs et des différences dans l'organisation de parenté, mais
aussi de poser les bases d'un système conceptuel permettant d'en rendre raison.
Prendre pour thème une étude comparée de la parenté en Grèce depuis
l'Antiquité n'est
pas céder à un goût d'antiquaire. Il ne s'agit nullement de partir à la recherche
d'une fantôma-tique "âme grecque" qui serait restée inchangée depuis les origines. La quête de
l'identité se-rait
une impasse. De l'Antiquité à nos jours, la Grèce a connu toutes sortes
d'avatars histori-ques,
et non des moindres, comme des transferts massifs de population, le changement radical,
à plusieurs reprises, du cadre politique, ou la transformation de l'univers
religieux. Une analyse
qui ne tiendrait pas compte de ces éléments de discontinuité ne pourrait
qu'aboutir à des ré-sultats
illusoires.
Pour rendre raison des différences mais aussi des similitudes évoquées, on doit donc faire
un effort conceptuel spécifique. Pour employer une métaphore empruntée à la biologie, les
similitudes évoquées tiennent-elles à une simple coïncidence de
"traits phénotypiques", le "génotype" de la parenté étant totalement différent? Ou bien les ressemblances de
"traits
phénotypiques" s'expliquent-elles logiquement par le fait que de larges segments du
"génotype" étaient identiques? Alors que pourtant la mémoire du passé avait disparu, des
conditions structurales identiques auraient-elles produit des formes d'organisation de la paren-té
proches parentes l'une de l'autre? Bilatéralité de l'organisation de la parenté et contrainte
écologique pesant sur de micro-sociétés paysannes joueraient-elles donc le rôle
d'éléments fon-damentaux d'un "génotype" grec de la parenté? Par delà le cas particulier offert par la parenté
en Grèce, quels enseignements théoriques une telle recherche est-elle susceptible
d'avoir pour
la recherche anthropologique? Les principes organisateurs de la parenté sont-ils organisés sous
une forme hiérarchique, et si oui est-il possible de les mettre en évidence? De la sorte, au delà
du cas de la Grèce, est-il possible d'établir des critères permettant
d'analyser les changements
diachroniques intervenant au sein des organisations de parenté en général?
Cette recherche associant étroitement historiens et anthropologues est donc ambitieuse.
Les communications attendues, qui porteront sur toutes les périodes de l'histoire du monde
grec, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, devront être rédigées avec le souci de
s'inscrire dans
la problématique annoncée. La publication qui suivra doit viser à devenir
l'une des références
fondamentales pour l'étude de la parenté en Grèce.
Le 3 avril 2002.
Alain BRESSON – Marie-Paule MASSON – Stavros PERENTIDIS – Jérôme WILGAUX
|